Les cours particuliers de maths : fausse bonne idée ?

Qu’on soit clairs : l'initiative d'offrir à son enfant des cours particuliers n’est pas une mauvaise idée. Cela part en général d’une intention louable. Et une bonne dynamique peut être générée, surtout quand ce n’est pas uniquement à l’initiative des parents. 2 heures de cours particuliers par semaine, c’est autant d’heures de travail en plus chaque semaine. Investir dans un prof particulier permet à votre enfant de se sentir soutenu, épaulé et même d’y voir plus clair dans son travail. Pour les élèves en difficulté, le projet peut s’avérer pertinent. Mais pour les élèves ne travaillant pas suffisamment, s’appuyer sur son professeur particulier peut vite se transformer se « reposer » sur lui.

1.      Un risque de déresponsabilisation

Le vrai challenge de votre enfant quand il entre au lycée, c’est de devenir un adulte de plus en plus responsable. Responsable de ses choix, ses actions, son travail. Trop souvent, le prof particulier sert de « béquille » qui risque presque d’infantiliser votre enfant. Considérant qu’il sera aidé dans la semaine, il va moins essayer de comprendre par lui-même les notions vues en cours. Pire encore, dans certains cas, son attention risque de diminuer en cours, se disant que le prof particulier l’aidera… La machine de la déresponsabilisation est en marche et sera bien souvent irréversible. Voyant que ses notes diminuent, les parents et l’enfant opteront pour l’une des conclusions suivantes :

·      Changeons de prof : très fréquente est cette décision qui va d’une certaine manière concrétiser l’excuse (jusqu’alors inconsciente) du « c’est à cause du prof ».

·      Augmentons le nombre d’heures par semaine : légèrement mieux que la première, cette décision aura le mérite de faire travailler davantage votre enfant. Elle sera néanmoins corrélée d’une déresponsabilisation accrue.

·      Arrêtons les cours particuliers : presque jamais prise, c’est pourtant cette décision radicale qui aura le plus de changement et donc le plus de bienfaits. Car l’élève va devoir se remobiliser et ses efforts vont payer.

2.      Un risque de baisse du travail personnel

Ce qui arrive très fréquemment quand un élève est accompagné par un prof particulier c’est qu’il arrête complètement de travailler à cote. Pourquoi ? Parce qu’il se dit (plus ou moins consciemment) « à quoi bon faire des maths aujourd’hui alors que j’en fais demain avec mon prof particulier ». Cela peut fonctionner en 6eme ou 5eme car 1h30 ou 2h de maths par semaine c’est déjà bien, et pour un peu que l’élève ait des facilités, il peut potentiellement faire partie des meilleurs de sa classe. Mais arrivé au lycée, le travail personnel doit largement excéder les 4 heures par semaine ;

Bien sûr certains élèves ont de réelles difficultés et ils ont bien raison de se faire aider davantage. Cependant, c’est surtout un manque de travail qui explique les mauvaises notes des élèves. Ce n’est donc pas leur faire un cadeau que de leur offrir des cours particuliers.

3.      Un risque de mauvaises habitudes de travail

Avec son prof particulier, l’élève demandera de travailler sur le chapitre du moment. Espérant colmater les difficultés qu’il a. Ne revenant jamais en arrière sur d’anciens chapitres. Le prof particulier se lance dans une course contre la montre : il a 1 heure pour balayer le chapitre sur les dérivées. Sans quoi l’élève aura fait des « impasses » pour son contrôle demain. Ensemble ils vont donc survoler, bachoter un chapitre crucial. Et ne pourront plus jamais revenir dessus car la semaine prochaine la course contre la montre portera sur le chapitre de trigonométrie. Au lieu de devenir un outil d’excellence, le professeur particulier devient subitement un pompier, un médecin urgentiste qui doit aider son élève à bachoter pour le contrôle de demain. Vous, parents, payez donc quelqu’un qui donne les mauvaises habitudes à votre enfant : travailler dans l’urgence, de manière superficielle, uniquement dans l’optique d’obtenir une note correcte pour le contrôle.

Une triple dynamique de déresponsabilisation, de dégradation du travail personnel, et d’instauration de mauvaises habitudes est donc en place.

Les stages intensifs comme solution alternative

Voila pourquoi les stages de vacances sont de très loin la meilleure option. S’inscrivant dans une logique contraire aux cours particuliers, ils sont triplement vertueux :

·      L’élève se responsabilise pendant les vacances en étant proactif dans un travail intensif ;

·      L’élève va intensifier son travail personnel, reboosté après son stage le remettant sur les bons rails ;

·      L’élève va apprendre à faire du travail de fond, approfondissant des notions majeures.